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le merveilleux voyage de nils holgersson

glace ; les rivières obstruées montèrent subitement : sous cet afflux, le Mâlar se pressa vers son embouchure. Or, le Norrström qui le déverse est un passage étroit ; il ne peut en pareil cas assurer un écoulement assez rapide.

Pour comble de malchance, un fort vent d’est soufflait, qui rejetait l’eau de la mer vers la terre et barrait le Norrström. Le grand lac déborda.

Il monta très lentement, comme à contre-cœur, ennuyé d’endommager ses belles rives ; celles-ci en général sont basses, l’eau eut vite fait de gagner du terrain. Il n’en faut pas davantage pour causer le plus grand désordre.

Le Mâlar est un lac un peu à part. Il se compose de nappes d’eau resserrées, de golfes et de détroits. Nulle part de grandes étendues fouettées par les vents. Il semble créé pour les excursions, les promenades à voile et les joyeuses parties de pêche.

Il possède tant d’îles, d’îlots et de promontoires délicieux, couverts d’arbres ! Nulle part de rivages rocheux et nus. Il semble n’avoir jamais rêvé que ses rives dussent porter autre chose que des châteaux, des villas d’été, de jolies résidences et des lieux de récréations. C’est même peut-être à cause de son aspect si aimable et doux, qu’on s’émeut tant lorsque parfois, au printemps, il devient menaçant.

Cette fois, devant l’imminence de l’inondation, les bateaux et les bachots qui pendant l’hiver avaient été mis à l’abri à terre, furent préparés en hâte ; on boucha les voies d’eau, on goudronna les coques. En même temps on tirait les lavoirs sur le rivage ; on renforçait les ponts. Les garde-voies chargés de