Page:Lagerlöf - Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, trad. Hammar, 1912.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
250
le merveilleux voyage de nils holgersson

situés sur les bords du Siljan. Il avait vu Leksand, Rättvik, Mora, l’île Sollerö. Toute la contrée lui avait paru douce et souriante, beaucoup plus qu’il n’aurait cru. Il n’avait rien vu de sinistre ni d’effrayant.

Or, voici que dans la nuit, sur ces mêmes rives, flambait une couronne de feux. Il les voyait brûler à Mora au nord du lac, sur les rives de l’île Sollerö, dans Vikarbyn, sur les hauteurs au-dessus du village de Sjurberg, sur la pointe de terre où se dresse l’église de Rättvik, sur la montagne de Lerdalen, sur toutes les collines et les caps jusqu’à Leksand. Il compta plus de cent feux, et il ne comprit pas ce que cela voulait dire.

Les oies sauvages aussi avaient été réveillées par la détonation, mais tout aussitôt Akka, ayant vu ce qui se passait, s’écria : « Ce sont les enfants des hommes qui s’amusent. » Et toutes les oies n’avaient pas tardé à se rendormir, la tête sous l’aile.

Nils resta longtemps à considérer les feux qui ornaient la rive comme une longue chaîne de bijoux d’or. Il était attiré par la lumière et la chaleur tel un moustique, et il aurait bien voulu s’approcher des bûchers. Il entendit tirer coups sur coups ; comprenant qu’il n’y avait aucun danger, cela aussi l’attirait. Les gens là-bas autour des feux semblaient si joyeux qu’il ne leur suffisait pas de crier et d’appeler, ils avaient encore recours à leurs fusils. Et voilà qu’autour d’un bûcher qui flambait tout en haut d’une montagne, on lançait des fusées. On avait déjà un grand et beau feu, et qui montait très haut, mais ils voulaient plus encore ; leur joie avait besoin de s’élancer vers le ciel.

Nils s’était peu à peu approché de la rive ; tout à