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le merveilleux voyage de nils holgersson

« Nous volions très haut, et nous découvrions toute la forêt. Ayant vu les chasseurs, nous eûmes envie de voir le gibier. Nous fîmes quelques tours au-dessus de la forêt en regardant bien entre les arbres. Tout à coup, dans un épais fourré, nous avons aperçu quelque chose qui ressemblait à de grosses pierres moussues.

« Ce ne pouvait être des pierres, puisqu’il n’y avait pas de neige dessus.

« Nous nous sommes laissées tomber au milieu du fourré ! Les trois blocs de pierre remuèrent. C’était trois élans, un mâle et deux femelles. Le mâle se redressa à notre approche. Je n’ai jamais vu de plus grand ni de plus bel animal ; constatant que ce n’étaient que trois pauvres oies sauvages qui l’avaient éveillé, il se recoucha.

— Non, non, vieux père, ne vous rendormez pas ! lui dis-je. Sauvez-vous au plus vite, il y a des chasseurs dans la forêt, et ils se dirigent droit par ici.

— Je vous remercie, mère l’oie, mais vous savez bien que la chasse à l’élan est défendue à cette époque. Ces chasseurs-là sont sortis pour traquer le renard.

— Il y avait partout des traces de renard, mais les chasseurs n’y ont point fait attention. Croyez-moi ! Ils savent où vous vous tenez. Et ils viennent pour vous tuer. Ils sont partis sans fusils, armés de couteaux et d’épieux, parce qu’ils n’osent pas tirer de coup de fusil à cette époque de l’année.

« L’élan demeura calme, mais les deux femelles commencèrent à s’inquiéter.

— Les oies ont peut-être raison, hasardèrent-elles en se levant à moitié.

— Restez donc tranquilles ! dit le mâle ; il ne vien-