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à travers la suède

recouvert de longs poils pendait sous sa gorge.

— Quel est celui-là ? demanda Poil-Gris ; sa voix tremblait d’émotion.

— Il s’appelle le Couronné, dit Karr, et c’est ton parent. Toi aussi, tu auras un jour, comme lui, de larges bois et une crinière, et si tu étais resté dans la forêt, tu aurais eu plus tard un troupeau à conduire.

— S’il est de ma famille, je veux le voir de plus près, dit Poil-Gris. Je n’aurais jamais imaginé un animal aussi superbe.

Il s’approcha du troupeau, mais revint très vite auprès de Karr qui l’avait attendu sous bois.

— Je crois qu’on ne t’a pas reçu ? dit Karr.

— Je lui ai dit que c’était la première fois que je voyais des parents, mais il m’a menacé de ses cornes.

— Tu as bien fait de te retirer, dit Karr. Un jeune comme toi, qui n’a encore que ses premiers andouillers, fait bien de ne pas se mesurer avec les vieux élans. Un autre serait devenu la chanson de la forêt entière s’il avait cédé sans résistance ; que t’importe, à toi qui ne resteras pas ici, mais qui iras habiter l’étranger !

Karr avait à peine achevé, que Poil-Gris lui tournait le dos et retournait vers la clairière. Le vieil élan se porta au-devant de lui, et la lutte commença. Ils croisaient leurs bois et poussaient de toutes leurs forces ; Poil-Gris dut reculer à travers toute la clairière. Il ne semblait pas savoir se servir de sa force, mais arrivé à la lisière du bois, il enfonça plus fermement ses pieds dans le sol, s’y arc-bouta, donna un effort vigoureux, et réussit à son tour à repousser l’adversaire. Il luttait en silence, mais le vieil élan soufflait et reniflait. Tout à coup un craquement se