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le merveilleux voyage de nils holgersson

— Au moins tu en auras goûté une fois, dit le chien.

Là-dessus il mena l’élan à un petit lac, dont l’eau dormante reflétait des rives enveloppées de légers brouillards vaporeux. Poil-Gris s’arrêta net.

— Qu’est-ce que c’est ? s’écria-t-il. Il n’avait jamais vu de lac.

— C’est une grande eau, répondit Karr. Ton peuple a l’habitude de la traverser à la nage de rive en rive. Tu ne saurais probablement pas le faire, mais tu pourrais bien prendre un bain.

Ce disant, Karr se jeta à l’eau et se mit à nager. Poil-Gris resta à terre un bon moment, mais finit par suivre le chien. Quand l’eau fraîche enveloppa mollement son corps, il ressentit une volupté qui le fit haleter ; il voulut plonger son dos dans le lac, et s’éloigna de plus en plus de la rive, s’aperçut que l’eau le portait, et se jeta à la nage. Il nageait tout autour de Karr et semblait dans son élément. Lorsqu’ils furent remontés sur la rive, Karr lui proposa de rentrer.

— Nous sommes loin du matin, objecta l’élan. Faisons encore un tour dans la forêt.

Ils s’enfoncèrent de nouveau dans la forêt. Bientôt ils arrivèrent à une petite clairière éclairée par la lune ; l’herbe et les fleurs scintillaient de rosée ; là paissaient quelques grands animaux. C’étaient un élan mâle, quelques femelles, de jeunes élans et d’autres tout petits. En les apercevant Poil-Gris s’arrêta net. Il donna à peine un regard aux femelles et aux jeunes : il semblait fasciné par la vue du vieil élan, chef de la tribu, qui portait un bois superbe composé de larges palettes aux nombreux andouillers, et une haute bosse entre les épaules ; un fanon