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le merveilleux voyage de nils holgersson

les églises et les usines, les châteaux et les gares de chemin de fer dont elle était criblée fussent autant de bijoux. Les toits de tuile brillaient et les vitres des fenêtres scintillaient comme des pierres précieuses. Des routes jaunes, des rails luisants et des canaux bleus couraient comme un lacis de soie. Linköping enchâssait sa cathédrale comme des perles entourant un diamant, et les fermes dans la campagne semblaient de petites broches et des boutons précieux. Le dessin n’était pas très régulier, mais c’était une splendeur dont on ne se lassait pas.

Les oies avaient quitté la contrée de l’Omberg et remontaient vers l’est le canal de Göta. Le canal aussi faisait sa toilette d’été. Des ouvriers travaillaient à réparer les talus des rives et à goudronner les grandes portes des écluses.

Partout on travaillait pour recevoir dignement le printemps, même dans les villes. Là, les peintres et les maçons, debout sur des échafaudages, s’occupaient des murs extérieurs ; les bonnes, montées sur les rebords des fenêtres ouvertes, lavaient les carreaux. Dans les ports, on réparait et on peignait les voiliers et les vapeurs.

À Norrköping les oies sauvages quittèrent la plaine et obliquèrent vers les forêts de Kolmârden. Elles suivaient depuis un instant un vieux chemin communal défoncé qui serpentait le long des crevasses au pied des pentes abruptes lorsque Nils, tout à coup, poussa une exclamation. Il s’était amusé à balancer le pied et un de ses sabots venait de tomber.

— Jars, jars, j’ai perdu mon sabot ! cria-t-il.

Le jars revint en arrière et s’abaissa vers le sol, mais Nils s’aperçut que deux enfants qui cheminaient sur la route, avaient ramassé le sabot.