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le merveilleux voyage de nils holgersson

ni croiser ses mains sur sa poitrine lorsqu’elle serait morte. Peut-être voudras-tu le faire ?

Nils hésita : quand son grand-père était mort, il se rappelait que la mère avait eu grand soin de le placer convenablement. Il savait que c’était une chose qu’il fallait faire. Toutefois il se sentait incapable d’entrer de nouveau près de la morte. Il ne dit donc ni oui ni non, mais ne fit pas un seul pas vers la porte.

Un moment la vieille vache demeura silencieuse, comme attendant une réponse. N’entendant rien, elle ne répéta pas sa demande, mais commença à parler de sa maîtresse.

Elle avait beaucoup à dire. D’abord elle parla de tous les enfants que la morte avait élevés. Ils venaient dans l’étable tous les jours et en été menaient paître le bétail dans le marais et les pâturages, de sorte que la vieille vache les connaissait bien. Ils avaient été très bien tous, et gais et travailleurs. Une vache sait ce que valent ses gardiens.

Elle avait aussi une foule de choses à raconter concernant la ferme. Le domaine n’avait pas toujours été aussi pauvre qu’à présent. Il possédait des terres vastes ; la plupart se composaient de marais, de bois et de prés pierreux. Il n’y avait pas beaucoup de champs où cultiver le blé, mais partout de bons pâturages. Elle avait connu un temps où aucune crèche n’était vide, et où l’étable à bœufs, maintenant abandonnée, avait été remplie de bêtes magnifiques. La gaîté et l’entrain régnaient partout. Lorsque la maîtresse venait à l’étable, elle fredonnait et chantait, et toutes les vaches beuglaient de joie en l’entendant venir.

Mais le maître mourut, pendant que les enfants