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à travers la suède

Il n’osa pas courir bien loin : Smirre le renard le guettait certainement, il fallait donc se tenir près des enfants. Il se retourna, mais à peine les eut-il vus qu’il poussa un cri et courut vers eux : « Bonjour, Asa, gardeuse d’oies ! Bonjour, petit Mats ! »

En voyant les enfants, Nils avait complètement oublié où il se trouvait. Les corneilles, la maison incendiée, les animaux parlants, tout disparut de son souvenir. Il était sur un chaume à Vemmenhög, et gardait un troupeau d’oies ; dans le champ voisin les deux petits Smâlandais surveillaient leur troupeau. Aussitôt il grimpa sur le mur de pierres sèches et les héla : « Bonjour, Asa, gardeuse d’oies ! Bonjour, petit Mats. »

Mais en voyant ce petit bout d’homme qui venait à eux la main tendue, les deux enfants se prirent par la main, reculèrent de quelques pas et parurent terrifiés.

Devant leur effroi, Nils se réveilla de son rêve, et se rappela qui il était ; rien de plus terrible ne pouvait lui arriver que d’être vu par ces enfants sous l’aspect d’un tomte. La honte et la douleur de n’être plus un homme l’assaillirent. Il se retourna et s’enfuit sans savoir où il allait.

Mais en arrivant dans la lande, le gamin fit une bonne rencontre : parmi la bruyère, il entrevoyait quelque chose de blanc ; le jars accompagné de Finduvet venait vers lui ; voyant Nils accourir avec cette précipitation, le jars crut qu’il était poursuivi. Aussi le saisit-il vivement, le jeta sur son dos et l’emporta rapidement dans les airs.