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le merveilleux voyage de nils holgersson

Smirre le tua net. Puis il sauta à terre et regarda autour de lui pour trouver le gamin. Celui-ci essaya de se cacher derrière un paquet d’étoupe, mais Smirre l’avait déjà aperçu et se ramassait pour prendre son élan. La maison était si basse et si étroite que Nils vit bien que le renard n’aurait pas de peine à l’attraper. Mais il n’était point sans défense : vivement il frotta une allumette, l’approcha de l’étoupe qui instantanément s’enflamma et qu’il jeta sur le renard. Affolé de terreur, celui-ci bondit hors de la cabane.

Malheureusement pour échapper à un danger, Nils s’était jeté dans un autre. L’étoupe enflammée avait mis le feu aux rideaux du lit. Nils sauta à terre et s’efforça d’étouffer le feu ; il était trop tard : les rideaux flambaient déjà. La cabane se remplissait de fumée, et Smirre le renard, qui était resté dehors sous la fenêtre, se rendait compte de la situation.

— Eh bien ! Poucet, cria-t-il, qu’est-ce que tu choisis ? Te laisser rôtir ou sortir me rejoindre ? J’aurais certes préféré te manger, mais de quelque façon que tu meures, je n’en suis pas moins content.

Nils crut bien que le renard allait être satisfait, car le feu se propageait avec une rapidité effrayante. Le lit brûlait déjà, et le long des bandes de toile peinte, les flammes couraient de cavalier en cavalier. Nils avait grimpé dans l’âtre lorsqu’il entendit tout à coup une clef tourner doucement dans la serrure. Ce devaient être des hommes. Dans le péril où il était il n’eut point peur, mais se réjouit. Il se précipita vers la sortie et touchait déjà au seuil lorsque la porte s’ouvrit. Il vit devant lui deux enfants. Il ne se donna pas le temps de les regarder, mais s’élança dehors.