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le merveilleux voyage de nils holgersson

sifflait : « Que tu es belle ! Que tu es belle ! Que tu es belle ! Aucune autre n’est aussi belle, aussi belle. Aucune autre n’est aussi belle. » Sa strophe finie, il la recommençait aussitôt.

Nils passant à ce moment entendit deux ou trois fois la chanson ; il mit ses mains en cornet devant sa bouche et lança comme un appel :

— Nous avons déjà entendu. Nous avons déjà entendu.

— Qui est là ? Qui est là ? Qui est là ? Qui se moque de moi ? cria le merle.

— C’est Volé-par-les-corneilles, qui se moque de ta chanson, répondit le gamin.

Aussitôt le chef des corneilles se tourna vers lui.

— Gare à tes yeux, Poucet !

Mais Nils pensa : « Tant pis. Je te montrerai que je ne te crains pas. »

On pénétrait toujours plus avant dans le pays ; partout il y avait des forêts et des lacs. Dans un petit bois de bouleaux, une colombe sauvage s’était posée sur une branche nue ; devant elle se tenait un ramier. Il gonflait ses plumes, faisait onduler son cou, abaissait et relevait son corps ; les plumes de sa gorge bruissaient contre les rameaux ; il roucoulait : « C’est toi, toi, toi qui es la plus belle de la forêt. Aucune autre n’est aussi belle que toi, toi, toi. »

Le gamin qui passait là-haut, dans l’espace, ne put se taire.

— Ne le crois pas. Ne le crois ! cria-t-il.

— Qui, qui, qui est-ce qui me calomnie ? roucoulait le ramier, en essayant d’apercevoir celui qui avait parlé.

— C’est Pris-par-les-corneilles qui te calomnie, répondit le gamin.