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préface

peintre animalier Liljefors ? Selma Lagerlöf décrit les habitants des grèves et des déserts forestiers avec précision, avec une pieuse exactitude, avec, fréquemment, un allègre et piquant humour ; tel tableau, tel drame de la lande ou des fjells fait songer à la manière de Kipling ; mais d’ordinaire, je ne sais quelle grâce rêveuse, je ne sais quelle douceur de l’atmosphère et de l’émotion qui enveloppent tout le livre signalent assez que nous sommes loin, très loin de la jungle orientale.

Nous sommes en Suède, pays des longs frimas, des brusques printemps et des douces nuits d’été, pays étrangement poétique, tout bruissant de déchirantes mélodies, et de légendes, mélancoliques ou gaies, et de poèmes et de chansons ; terre monotone, comme par exemple notre Bretagne, et comme elle ensorceleuse. Selma Lagerlöf nous en dira la variété, que l’étranger n’aperçoit pas tout d’abord. Chaque province a sa physionomie ; de chacune de ces physionomies Nils apprend à distinguer les traits à travers une « saga » familière et naïvement expressive.

Nulle part l’éminente dignité du roi de la création n’est sacrifiée : avec quelle émotion, Nils métamorphosé ne découvre-t-il pas sa déchéance ! « Il commença à comprendre ce que cela signifiait de n’être plus un être humain. Il n’était plus un être humain, mais un monstre. Il était désormais séparé de tout ; il ne pourrait plus jouer avec les autres gamins, ni se charger de la ferme après ses parents, et sûrement pas se marier avec une jeune fille. Il