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que la tête de Nils cogna contre un arbre. Sous la violence du coup sa vue se troubla et il perdit connaissance.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, il était loin de la terre. Il revint lentement à lui et d’abord ne comprit ni où il était ni ce qui s’était passé. Au-dessous de lui s’étendait comme un gros tapis laineux, tissé de brun et de vert, et qui paraissait déchiré et abîmé ; sous les déchirures et les trous brillait du verre poli : on eût dit que le tapis était étendu sur une glace.

Puis il vit le soleil monter dans le ciel. Alors la glace qu’on apercevait dans les accrocs du tapis se mit à scintiller, rouge et or. C’était magnifique. À ce moment les corneilles s’abaissèrent, Nils se rendit compte que le grand tapis était la terre, couverte de forêts, et que les trous et les déchirures étaient des lacs et des marais.

Il se posait une foule de questions. Comment n’était-il pas sur le dos du jars blanc ? Pourquoi tout un essaim de corneilles volaient-elles autour de lui ? Pourquoi enfin était-il secoué et ballotté à en être disloqué ?

Tout à coup il comprit : les corneilles l’avaient enlevé. Le jars blanc l’attendait sur la rive et les oies allaient ce jour même partir pour l’Ostrogothie. Quant à lui, on le menait vers le sud-ouest : le soleil était derrière lui.

Les corneilles n’attachèrent aucune importance à ses prières ; elles volaient tout droit à toute vitesse. Tout à coup l’une d’elles frappa brusquement l’air de ses ailes en signe de péril ; elles descendirent vite sur une forêt de sapins, s’enfoncèrent entre les branches enchevêtrées et déposèrent enfin Nils par