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le merveilleux voyage de nils holgersson

versée de l’Ostrogothie. L’îlot où elles avaient dormi était étroit et nu, mais dans l’eau qui le baignait il y avait assez de plantes pour qu’elles pussent se rassasier. Le gamin était moins heureux : il avait beau chercher, il ne pouvait rien découvrir de mangeable.

Affamé, transi par le froid du matin, il regardait autour de lui, lorsque ses yeux rencontrèrent deux écureuils qui jouaient dans les arbres sur une pointe de terre en face de l’île. Pensant que les écureuils n’avaient peut-être pas épuisé leurs provisions d’hiver, Nils pria le jars de le transporter à terre pour leur demander quelques noisettes.

Le jars blanc obéit bien vite, mais par malheur les écureuils étaient si occupés de leur jeu, qu’ils n’écoutèrent pas le gamin. Sautant d’arbre en arbre, ils s’enfoncèrent de plus en plus dans le bois. Nils les suivit et perdit bientôt de vue le jars qui était resté au bord de l’eau.

Poucet avançait péniblement entre des plants d’anémones blanches qui lui allaient jusqu’au menton, lorsque, tout à coup, il se sentit saisir par derrière : quelqu’un essayait de le soulever. Il se retourna et vit une corneille. La corneille l’avait attrapé par le col de sa chemise. Nils se débattit, mais une seconde corneille arriva à la rescousse, l’attrapa par un de ses bas et le fit culbuter.

Si Nils Holgersson avait immédiatement appelé au secours, le jars blanc aurait certes pu l’arracher aux corneilles, mais le gamin pensa qu’il était de taille à se débarrasser seul de deux corneilles. Il donnait des coups de pied, frappait, mais les corneilles ne lâchèrent point prise et réussirent à s’enlever en l’air avec lui. Elles s’y prirent si imprudemment,