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le merveilleux voyage de nils holgersson

à leurs pieds était diapré d’anémones, de gagées et d’hépatiques.

En voyant ce tapis de fleurs, les oies sauvages eurent peur de s’être trop attardées dans le midi. Akka décida sur-le-champ qu’on ne s’arrêterait pas en Smâland. Dès le lendemain matin on continuerait vers le nord, à travers l’Ostrogothie.

Ainsi Nils ne verrait rien du Smâland ; il en conçut quelque dépit. Il n’avait entendu parler d’aucune autre province autant que du Smâland, et il avait espéré le voir de ses propres yeux.

L’été précédent, gardeur d’oies chez un paysan des environs de Jordberga, il avait presque tous les jours rencontré deux enfants pauvres de Smâland qui eux aussi menaient paître des oies ; ils l’avaient bien agacé avec leur Smâland.

On aurait cependant tort de dire qu’Asa la gardeuse l’eût taquiné. Elle était bien trop sage pour cela. Mais elle avait un frère, le petit Mats, qui par contre était joliment taquin.

— As-tu entendu raconter comment le Smâland et la Scanie ont été créés, gardeur d’oies, demandait-il, et si Nils répondait négativement, il commençait tout de suite de raconter cette vieille plaisanterie :

— C’était au temps où le Seigneur créait le monde. Pendant qu’il était en plein travail, saint Pierre vint à passer. Il s’arrêta pour regarder et demander si c’était un travail difficile.

— Ce n’est pas très facile, répondit le Seigneur.

Saint Pierre resta un bon moment à regarder, puis voyant avec quelle facilité le Seigneur disposait les terres, il eut envie d’essayer à son tour.