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le merveilleux voyage de nils holgersson

dans toute son étendue ; quelques corneilles lui avaient enfin appris que ses camarades se trouvaient à la Petite île Karl. En apprenant le sujet de la tristesse de Nils, elle s’écria :

— Si Poucet regrette une vieille ville, nous saurons le consoler. Venez seulement et je vous conduirai à un endroit que j’ai vu hier. Il n’aura plus à s’attrister longtemps.

Là-dessus, les oies avaient pris congé des moutons et s’étaient mises en route.

C’était une belle soirée paisible. Le temps était tiède et printanier, les arbres avaient de gros bourgeons, des fleurs couvraient le sol dans les bois et les prés ; les longs chatons des peupliers flottaient au vent, et dans les petits jardins devant toutes les maisonnettes les groseilliers étaient déjà verts.

Le printemps et l’éclosion des bourgeons avaient fait sortir les hommes sur les routes et dans les cours, et partout on jouait. Non seulement les enfants, mais aussi les grandes personnes s’occupaient de jeux d’adresse. On s’exerçait à jeter des pierres, on lançait des balles avec une telle force qu’elles atteignaient presque les oies. Cela faisait plaisir de voir jouer les grandes personnes, et Nils se serait réjoui s’il avait pu oublier sa peine de n’avoir pu sauver la ville de Vineta.

Il dut cependant reconnaître que c’était un beau voyage. L’air était rempli de chants et de sonorités. Les petits enfants dansaient des rondes en chantant. L’Armée du Salut était sortie. Nils vit une foule de gens, vêtus de rouge et de noir, assis dans un bois et jouant de la guitare et des instruments de cuivre. Sur une route s’avançaient des groupes nombreux.