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à travers la suède

Interdit, Nils commença à fouiller ses poches. Il savait bien qu’il n’avait pas un liard, mais il ne put s’empêcher de s’en assurer.

Tous les autres marchands tendaient le cou pour voir le résultat de cette démarche ; dès qu’ils virent le gamin chercher dans ses poches, ils s’élancèrent eux aussi par-dessus leurs comptoirs, les mains chargées de bijoux d’or et d’argent qu’ils lui offraient. Et tous ils lui faisaient comprendre qu’ils ne demandaient en échange qu’un seul petit sou.

Mais le gamin dut retourner les poches de sa veste et de son pantalon pour leur montrer qu’il n’avait rien. Alors ils eurent les larmes aux yeux de déception, tous ces riches marchands ! Nils fut si touché de leur désolation et de leur mine angoissée qu’il se creusa la tête pour savoir comment les aider. Tout à coup il se rappela la petite monnaie rongée de vert-de-gris qu’il avait vue sur la grève.

Il se mit à courir, et la chance le guida : il retrouva la porte par où il était entré. Il sortit de la ville, se retrouva sur la grève et commença à chercher le petit sou de cuivre.

Il le trouva en effet, mais lorsqu’il l’eut ramassé et voulut retourner dans la ville, il ne vit que la mer devant lui. Point de rempart, point de porte, pas de gardiens, pas de rues, pas de maisons, rien que la mer.

Le gamin ne put retenir ses larmes.

À ce moment M. Ermenrich se réveilla et s’approcha de lui. Nils ne l’entendit pas, et la cigogne dut le pousser du bec pour attirer son attention.

— Je crois que tu dors, comme moi, dit-elle.

— Ah ! monsieur Ermenrich ! s’écria Nils. Quelle est cette ville qui était ici tout à l’heure ?