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à travers la suède

traversé toute la ville, Nils arriva à une seconde porte. De l’autre côté s’étendait la mer avec le port. Des navires d’un modèle ancien avec des bancs de rameurs et de hautes constructions à l’avant et à l’arrière y chargeaient ou déchargeaient leurs cargaisons. Portefaix et marchands couraient en tous sens. Partout régnaient une activité et une animation extraordinaires.

Mais Nils ne se donnait toujours pas le temps de s’arrêter. Il rebroussa chemin et arriva bientôt sur la grande place. Là, s’élevait la cathédrale avec trois tours très hautes, et des portails profonds, ornés de statues. Les tailleurs de pierre avaient si bien sculpté les murs qu’à peine y voyait-on une pierre qui ne fût pas travaillée. En face, une maison était surmontée d’une tour mince qui s’élançait vers le ciel. Ce devait être l’hôtel de ville. Entre l’hôtel de ville et l’église, tout autour de la place, les maisons à pignons étaient merveilleusement ornées.

Nils commençait à se fatiguer et à avoir chaud à force de courir. Il pensait avoir vu les plus belles choses. Aussi s’engagea-t-il plus lentement dans une rue où les citadins achetaient sans doute leurs beaux vêtements, car il voyait beaucoup de monde devant les étalages ; les marchands déployaient devant leurs clients des soies à ramages épaisses et raides, de lourds tissus d’or, des velours changeants, des gazes légères et des dentelles fines comme des toiles d’araignée.

Tant que le gamin avait couru très vite à travers les rues, personne ne l’avait remarqué. On avait pu le prendre pour une petite souris grise. Mais maintenant qu’il marchait lentement, l’un des marchands l’aperçut et se mit à lui faire des signes.