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le merveilleux voyage de nils holgersson

montaient, montaient, la mer semblait s’abaisser, mais le vol était si étrangement léger qu’on avait l’impression de flotter immobile dans l’air.

Ils n’avaient volé qu’un petit moment, sembla-t-il à Nils, quand la cigogne descendit à terre. Ils abordèrent sur une grève déserte, couverte de sable fin et uni. Le long de la côte s’étendait une longue rangée de collines de sable mouvant couronnées de touffes d’élymes. Elles n’étaient pas très hautes, mais elles empêchaient Nils de rien voir de l’intérieur des terres.

M. Ermenrich se posa sur une des dunes, plia sous lui une de ses pattes, inclina le cou en arrière pour fourrer son bec sous son aile et dit à Poucet :

— Tu peux te promener un peu ici pendant que je me repose. Mais ne va pas trop loin, pour pouvoir me retrouver.

Nils résolut aussitôt de grimper sur une colline pour voir le pays. Au premier pas qu’il fit, son sabot heurta un objet dur. Il se pencha et vit dans le sable une petite monnaie de cuivre, si rongée par le vert-de-gris qu’elle était presque transparente. Elle était en si mauvais état qu’il ne se soucia même pas de la ramasser, mais la rejeta du bout du pied.

Lorsqu’il se redressa, il fut stupéfait : à deux pas de lui s’élevait un mur sombre avec une grande porte flanquée de deux tours.

Là où, l’instant d’avant, s’étendait la mer vaste et miroitante, courait maintenant un mur crénelé, orné de tours et de tourelles. Et devant lui, où tout à l’heure il n’y avait qu’une mince bande de varech, s’ouvrait la grande porte.

Nils comprit qu’il y avait de la sorcellerie dans cette transformation, mais il n’eut aucunement peur.