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trouvèrent si près du jars qu’ils n’avaient plus à prendre qu’un dernier élan pour sauter sur lui.

À la dernière minute toutefois le jars les aperçut ; il fit un bond de côté ; les renards le manquèrent. Cet échec importait peu d’ailleurs, car il n’avait que deux toises d’avance et en outre il boitait.

Le gamin, monté à reculons sur le jars, bafouait les renards en criant : « Vous vous êtes trop gavés de viande de mouton, renards. Vous ne pouvez même pas attraper une oie à la course. » Il les raillait tant que les renards devinrent comme fous de rage et se jetèrent éperdument à la poursuite du jars.

Le jars courut droit vers la grande crevasse. Arrivé au bord, il donna un coup d’ailes et la franchit.

À ce moment, les renards le touchaient presque.

Une fois sur l’autre bord, il continua de courir quelques mètres, mais Nils lui caressa le cou en disant :

— Tu peux t’arrêter, jars.

En même temps ils entendirent derrière eux des cris féroces, un crissement de griffes et un bruit de chutes lourdes. Les renards avaient disparu.

Le lendemain, le gardien du phare de la Grande île Karl trouva, sous sa porte, un morceau d’écorce où était écrit en lettres gauches et anguleuses :

« Les renards de la Petite île sont tombés dans le Trou de l’Enfer. Vous pouvez aller les ramasser. »