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à travers la suède

d’eau. À côté il y avait un tas de paille hachée et de son dont elle leur fit les honneurs.

— Nous avons eu un hiver de neige très rigoureux cette année, dit-elle. Les paysans qui possèdent l’île sont venus nous apporter du foin et de la paille d’avoine pour que nous ne mourions pas de faim. Et ce tas-là, c’est tout ce qui nous reste.

Les oies se précipitèrent sur la nourriture. Elles pensaient qu’elles étaient très bien tombées et étaient de la meilleure humeur. Elles voyaient bien que les moutons étaient agités, mais elles savaient d’autre part combien les moutons sont vite effrayés et ne croyaient pas à un vrai danger. Lorsqu’elles eurent mangé, elles s’apprêtaient à dormir. Mais le vieux bélier se leva et s’approcha d’elles. Nils pensa qu’il n’avait jamais vu un mouton avec des cornes aussi longues et aussi grosses. Il était remarquable à divers égards. Il avait un grand front courbé, des yeux intelligents et la bonne tenue d’un animal fier et courageux.

— Je ne peux pas, en bonne conscience, vous laisser dormir ici, sans vous avertir que l’endroit n’est pas sûr, dit-il. Nous ne pouvons recevoir des hôtes de nuit.

Akka commença à comprendre que c’était sérieux.

— Nous allons partir alors, puisque vous y tenez. Mais ne voulez-vous pas d’abord nous dire ce qui vous menace ? Nous ne savons rien. Nous ne savons même pas où nous sommes.

— Vous êtes dans la petite île Karl, dit le bélier, devant la côte de Gottland ; l’île n’est habitée que par des moutons et des oiseaux de mer.

— Vous êtes peut-être des moutons sauvages ? demanda Akka.