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le merveilleux voyage de nils holgersson

— Bien le bonjour dans ce désert ! dirent-elles en saluant, mais le grand bélier demeura immobile et ne répondit rien à leur salut.

Les oies en conclurent que les moutons étaient mécontents de les voir s’installer ainsi dans leur grotte.

— Vous êtes peut-être fâchés de nous voir venir dans votre maison ? demanda Akka. Mais nous n’y pouvons rien, car nous avons été poussées à la dérive par le vent. Nous avons lutté toute la journée avec la tempête, et nous serions bien aise de rester ici cette nuit.

Un bon moment se passa avant que les moutons se décidassent à répondre ; on entendait quelques-uns d’entre eux pousser de gros soupirs. Akka savait bien que les moutons sont des animaux timides et étranges, mais ceux-ci semblaient entièrement ignorer les manières. Enfin une vieille brebis, qui avait un visage long et un air triste, répondit d’une voix plaintive :

— Aucun de nous ne vous refusera certes de rester, mais c’est une maison du deuil, et nous ne pouvons recevoir des hôtes comme autrefois.

— Ne vous inquiétez donc pas, dit Akka. Si vous saviez tout ce que nous avons souffert aujourd’hui, vous comprendriez que nous serons contentes si seulement nous avons un coin sûr pour dormir.

À ces mots la vieille brebis se leva :

— Je crois bien qu’il vaudrait mieux pour vous voler dans la pire tempête que de rester ici. Mais vous ne partirez pas sans que vous ayez au moins pris les quelques rafraîchissements que nous pouvons vous offrir.

Elle les conduisit vers un creux du sol plein