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à travers la suède

— Horreur ! Tu crois que je voudrais manger de cette saleté-là ? dit l’oie.

Le lendemain, le brouillard était aussi intense. Les oies sauvages paissaient dans le pré ; Nils était allé au bord de l’eau ramasser des moules. Il y en avait beaucoup ; songeant qu’on serait peut-être le lendemain dans un endroit où il ne trouverait rien à manger, il résolut d’essayer de fabriquer un petit sac qu’il remplirait de moules. Il trouva dans le pré de la laîche desséchée, tenace et forte, et il commença à tresser un sac. Ce travail l’occupa pendant plusieurs heures, mais il en fut très content lorsqu’il l’eut achevé.

Vers midi, toutes les oies sauvages de la bande accoururent pour lui demander s’il avait vu le jars blanc.

— Non, il n’était pas avec moi, dit Nils.

— Il était avec nous tout à l’heure, dit Akka, mais nous ne savons plus ce qu’il est devenu.

Nils se leva d’un bond, très effrayé. Il demanda si l’on avait vu un renard ou un aigle ou des hommes dans le voisinage. Personne n’avait rien vu de suspect. Le jars avait dû s’égarer dans le brouillard.

Le malheur n’en était pas moins grand pour Nils ; il se mit à la recherche du jars. Le brouillard, tout en le protégeant, lui permettait de courir partout sans être aperçu, mais l’empêchait de voir. Il s’en fut jusqu’à la pointe sud de l’île où se trouvent le phare et le canon qui tire dans le brouillard. Partout le même pullulement d’oiseaux, mais point de jars blanc. Il se hasarda jusque dans la cour du domaine d’Ottenby, et inspecta tous les chênes creux du parc ; nulle part il ne trouva trace du jars.