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le merveilleux voyage de nils holgersson

on est à l’abri du soleil et du terrible vent d’Œland. Il ne faut pas oublier non plus le long mur d’Ottenby, qui va d’une côte à l’autre et sépare le domaine du reste de l’île ; il indique aux animaux jusqu’où s’étend le vieux domaine royal, et les avertit de ne pas s’aventurer sur une autre terre où ils seraient moins bien protégés.

Et ce ne sont pas seulement les animaux domestiques qui se trouvent bien à Ottenby. Les animaux sauvages eux-mêmes ont, dirait-on, le sentiment que dans un vieux domaine royal tous, sans distinction, doivent pouvoir trouver protection et abri ; c’est pourquoi ils s’y réunissent si nombreux. Outre les cerfs de l’ancienne souche qui ont survécu, et les lièvres, les canards tadornes et les perdrix, qui aiment cette terre, on y trouve au printemps et en automne des milliers d’oiseaux de passage. C’est surtout sur la côte de l’est, basse et marécageuse, devant le pâturage des moutons, que ces oiseaux descendent pour paître et se reposer.

Lorsque les oies sauvages et Nils Holgersson eurent enfin atteint Œland, ils descendirent sur la grève comme tous les oiseaux. Le brouillard couvrait l’île, aussi épais que sur la mer. Mais Nils n’en fut pas moins stupéfait de voir tant d’oiseaux dans le petit espace que ses yeux pouvaient parcourir.

C’était une plage basse parsemée de pierres et de flaques d’eau, à demi couverte de varech rejeté par la mer. S’il avait eu le choix, Nils ne se serait peut-être pas arrêté là, mais les oiseaux semblaient y être au paradis. Des canards et des oies grises paissaient dans le pré ; sur la grève couraient des bécasseaux, et autres oiseaux qui vivent sur les côtes. Les plongeons nageaient dans la mer et pêchaient. Mais c’est surtout