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le merveilleux voyage de nils holgersson

Il n’y avait aucun danger de se perdre pour ceux qui avaient l’habitude de la traversée, mais pour les oies sauvages, ce fut dur. Les loustics ne furent pas longs à s’apercevoir qu’elles n’étaient pas sûres du chemin.

— Où allez-vous, bonnes gens ? cria un cygne.

Il vola droit sur Akka, l’air compatissant et grave.

— Nous nous rendons à Œland, mais nous n’y avons encore jamais été, dit Akka.

Elle croyait pouvoir se fier à cet oiseau.

— C’est malheureux, dit le cygne. On vous a égarées. Vous allez vers le Blekinge. Venez avec moi et je vous montrerai le chemin.

Il repartit, et les oies le suivirent. Lorsqu’il les eut conduites suffisamment loin du grand passage pour qu’on n’entendît plus les cris, il disparut dans le brouillard.

Elles tournoyèrent un moment au hasard. À peine eurent-elles retrouvé les autres oiseaux qu’un canard vint à elles.

— Vous feriez bien mieux de vous poser sur l’eau jusqu’à ce que le brouillard soit tombé, dit-il. On voit bien que vous n’avez pas l’habitude des voyages.

Les misérables réussirent presque à faire perdre la tête à Akka. Autant que Nils put en juger, les oies volèrent un bon moment en rond.

— Prenez garde ! Vous ne voyez donc pas que vous montez et descendez ? cria un plongeon en passant rapidement à côté d’elles.

Nils s’accrocha au cou du jars. Voilà ce qu’il redoutait depuis un moment.

Nul ne sait quand on serait arrivé si l’on n’avait tout à coup entendu une détonation qui roulait sourdement.