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préface

poésie ; ô pédants de mon pays, qui craignez le surnaturel et les brillantes chimères, apprenez de Selma Lagerlöf comment on vivifie une morne science, si désolante aux yeux de ces poètes ingénus que sont les petits hommes et les futures femmes…

L’île d’Œland s’allonge à l’est de la côte suédoise, étroite et basse ; un aride plateau hérissé de moulins à vent, et qui ne nourrit guère que des moutons à demi sauvages, domine les côtes, célèbres par la tiédeur quasi-méridionale de leur climat… Voilà ce que le premier manuel venu vous apprendra ; le sec enseignement ! Oyez maintenant la mirifique histoire du Grand Papillon : un vieux berger, assis sur le perron d’un moulin à vent, la conte à un petit pâtre ; la fable naît et grandit, coupée de questions, sur des lèvres naïves ; nous assistons en quelque sorte à cette transposition du réel que préparèrent les longues rêveries du gardeur de moutons. Donc il a pensé qu’aux temps lointains des géants, les papillons furent énormément grands, « et un jour on vit un papillon long de plusieurs milles et qui avait des ailes larges comme des lacs. Ses ailes étaient bleues et argentées, et si magnifiques que, lorsque le papillon volait, tous les autres animaux ne s’arrêtaient point de le fixer. Malheureusement il était trop grand ; ses ailes avaient peine à le porter ; tout se serait encore bien passé s’il avait eu la sagesse de rester au-dessus de la terre ; mais il ne l’eut point et s’en alla sur la mer Baltique… » Tempête, les tendres ailes déchirées,