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le merveilleux voyage de nils holgersson

risqué son sang et sa vie, qu’on avait sacrifié jusqu’à son dernier liard pour construire ces vaisseaux de guerre, que des hommes de talent avaient consacré tous leurs efforts à améliorer et à perfectionner ces navires qui avaient été la sauvegarde de la patrie. Le gamin eut des larmes aux yeux en entendant parler de tout cela et il se sentit heureux d’être si bien renseigné sur toutes ces choses.

Ils finirent par entrer dans une cour ouverte où sous une galerie, étaient rangées les figures de proue des vieux vaisseaux de ligne. Nils n’avait jamais rien vu de plus étrange, car toutes ces figures avaient des visages incroyablement puissants et effrayants. Elles étaient grandes, hardies et sauvages, inspirées du même esprit fier qui avait armé les gros navires. Il se sentit plus petit que jamais.

Mais alors, l’homme de bronze dit à l’homme de bois : « Lève ton chapeau, Rosenbom, devant celles qui sont là ! Elles ont toutes été à la guerre pour la patrie ! » Rosenbom, comme l’homme de bronze, avait complètement oublié pourquoi ils étaient venus là. Sans réfléchir il leva son chapeau de bois et s’écria : « Je lève mon chapeau en l’honneur de celui qui choisit l’emplacement du port, fonda le chantier, et recréa la marine, pour le roi qui a donné la vie à tout ceci ».

— Merci, Rosenbom. C’est bien dit, tu es un brave homme… Mais qu’est-ce que c’est que ça, Rosenbom ?

Il montrait Nils Holgersson debout sur le crâne nu de Rosenbom. Mais Nils n’avait plus peur : il agita son bonnet et cria : « Hourrah, hourrah pour l’homme à la grosse lèvre ! »

L’homme de bronze frappa la terre avec son gros