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le merveilleux voyage de nils holgersson

Un matelot montait la garde, mais l’homme de bronze n’y fit point attention. Il poussa la porte du pied, et ils entrèrent.

Devant eux s’étendait un vaste port, divisé en compartiments par des ponts sur pilotis. Les bassins étaient occupés par des vaisseaux de guerre.

— Par où vaut-il mieux commencer les recherches, Rosenbom ? demanda l’homme de bronze.

— Un petit bout d’homme comme lui se sera probablement caché dans la salle aux modèles ?

Sur une étroite langue de terre qui s’étendait à droite tout le long du port, s’élevaient quelques anciens bâtiments. L’homme de bronze s’approcha d’une maison à petites fenêtres avec un très haut toit. Il heurta de son bâton la porte qui s’ouvrit, et monta ensuite lourdement un vieil escalier aux marches usées. Les deux hommes entrèrent dans une grande salle remplie de petits navires entièrement gréés. Le gamin comprit que c’étaient les modèles des navires construits pour la flotte suédoise.

Il y avait des bateaux de toutes espèces : de vieux vaisseaux de ligne aux flancs bourrés de canons, avec de hautes constructions à l’arrière et à l’avant, et dont les mâts supportaient un enchevêtrement de cordes et de voiles ; de petits garde-côtes avec des bancs pour les rameurs sur toute leur longueur ; des canonnières sans pont, et des frégates richement dorées, modèles de celles dont s’étaient servis les rois pour leurs voyages. Enfin il y avait aussi de ces longs et lourds cuirassés, avec des tourelles et des canons sur le pont, qu’on emploie de nos jours, et de fins et minces torpilleurs pareils à de longs poissons.

Nils n’en revenait pas d’admiration : « Dire qu’on