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le merveilleux voyage de nils holgersson

La loutre revint bientôt à la berge. Elle ne dit rien, et se contenta de lécher une de ses pattes de devant. Lorsque Smirre se permit de la railler, elle s’écria enfin : « Ce n’est pas faute de savoir nager, Smirre. J’étais arrivée jusqu’aux oies et j’allais escalader le rocher, lorsqu’un tout petit bonhomme s’élança sur moi, et me porta un coup à la patte avec un fer pointu. Cela me fit si mal que je lâchai prise et roulai dans le torrent. »

Elle n’eut pas besoin de continuer son récit ; Smirre était déjà loin.

Encore une fois voilà Akka et sa bande volant dans la nuit. Heureusement pour elles, la lune ne s’était pas encore couchée, et grâce à sa lumière Akka put retrouver une troisième place qu’elle connaissait dans le pays. Elle suivit encore le cours de la rivière vers le sud. Elle vola par-dessus le domaine de Djupadal, les toits sombres et la belle cascade de la petite ville de Ronneby. Un peu au sud de la ville, non loin de la mer, se trouve la station de Ronneby avec son établissement de bains, ses sources, ses grands hôtels, et les villas des hôtes d’été. Tout est fermé, vide et désert pendant l’hiver, et tous les oiseaux le savent bien, car nombreuses sont les bandes qui par gros temps, cherchent un abri sur les balcons et les vérandas des maisons désertes.

Les oies sauvages s’installèrent sur un balcon et s’endormirent tout de suite selon leur habitude. Nils seul ne put pas dormir, car il ne voulait pas se glisser sous l’aile du jars.

Le balcon était exposé au midi, et de là le gamin pouvait voir la mer. Incapable de dormir, il contemplait la jolie façon dont en Blekinge la terre et la mer se rencontrent.