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à travers la suède

Smirre pensa d’abord courir après les oies, mais il était curieux de savoir ce qui les avait sauvées, et il attendit le retour de la martre. La pauvre était trempée et s’arrêtait de temps en temps pour se frotter la tête avec ses pattes de devant. « Je pensais bien que tu serais maladroite et tomberais dans la rivière », dit Smirre avec dédain.

— Je n’ai pas été maladroite, tu n’as rien à dire. J’étais déjà sur une des dernières branches et je réfléchissais à la façon de m’y prendre pour tuer plusieurs oies, lorsqu’un petit bonhomme, pas plus gros qu’un écureuil, bondit et me lança une pierre à la tête avec une telle force que je suis tombée à l’eau ; avant que j’aie eu le temps d’en sortir… »

La martre n’eut pas besoin de continuer, elle n’avait déjà plus d’auditeur ; Smirre était loin, poursuivant les oies.

Cependant Akka avait volé vers le sud avec sa bande pour chercher un autre gîte. Il y avait encore quelques restes de la lumière du jour, et la lune à son premier quartier, très haut dans le ciel, permettait de voir un peu. Heureusement Akka connaissait bien le pays, pour avoir plus d’une fois été poussée par le vent sur la côte de Blekinge lorsqu’au printemps elle traversait la Baltique.

Elle suivit la rivière tant qu’elle la vit serpenter à travers le paysage, éclairée par la lune, pareille à une couleuvre noire et luisante. Elle arriva ainsi à Djupafors, où la rivière disparaît dans une crevasse souterraine, puis limpide et transparente comme si elle était de verre, s’engouffre dans une étroite déchirure où elle se brise en gouttes étincelantes et en écumes flottantes. Au bas de la chute toute blanche se trouvent quelques gros rochers entre les-