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le merveilleux voyage de nils holgersson

au gamin de l’avoir traité avec dédain la veille au soir.

Nils fut bien content ; lui et la cigogne devinrent vite amis. Akka se montra aussi très aimable ; elle frotta sa vieille tête contre son bras et le loua d’avoir secouru ceux qui étaient en peine.

Il faut dire à l’honneur du gamin qu’il ne voulut cependant pas accepter plus d’éloges qu’il n’en méritait : « Non, non, mère Akka, dit-il, ne croyez pas que j’aie entraîné au loin les rats gris pour aider les noirs. J’ai seulement voulu montrer à monsieur Ermenrich que j’étais tout de même bon à quelque chose. »

Alors Akka se tourna vers la cigogne, et lui demanda si elle croyait prudent d’emmener Poucet à Kullaberg. « M’est avis, dit-elle, que nous pouvons nous fier à lui comme à nous-mêmes. » Monsieur Ermenrich conseilla vivement de l’emmener : « Certainement, mère Akka, il faut faire venir Poucet à Kullaberg, dit-il ; nous devons nous estimer heureux de pouvoir le récompenser des épreuves qu’il a supportées cette nuit pour nous. Et comme je m’en veux encore de m’être mal conduit vis-à-vis de lui hier soir, ce sera moi qui le porterai sur mon dos à la réunion. »

Il est peu de louanges aussi agréables que celles des gens intelligents et capables : jamais Nils ne s’était senti aussi heureux. Il fit donc le voyage à califourchon sur le cou de M. Ermenrich, la cigogne. Bien que ce fût pour lui un grand honneur, il n’en fut pas moins assez inquiet par moments, car M. Ermenrich était un maître dans l’art du vol, et allait autrement vite que les oies sauvages. Tandis que Akka volait son chemin tout droit, à coup d’ailes