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derniers vers

Cependant qu’un fin croissant de lune se lève,
Ô route de rêve, ô nulle musique…
Dans ces bois de pins où depuis
Le commencement du monde
Il fait toujours nuit,
Que de chambres propres et profondes !
Oh ! pour un soir d’enlèvement !
Et je les peuple et je m’y vois,
Et c’est un beau couple d’amants.
Qui gesticulent hors la loi.

Et je passe et les abandonne,
Et me recouche face au ciel,
La route tourne, je suis Ariel,
Nul ne m’attend, je ne vais chez personne,
Je n’ai que l’amitié des chambres d’hôtel.

La lune se lève,
Ô route en grand rêve !
Ô route sans terme,
Voici le relais.
Où l’on allume les lanternes,
Où l’on boit un verre de lait,
Et fouette postillon,
Dans le chant des grillons,
Sous les étoiles de juillet.