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Dilemme à deux sentiers vers l’Éden des Élus :
Me laisser éponger mon Moi par l’Absolu ?
Ou bien, élixirer l’Absolu en moi-même ?
C’est passé. J’aime tout, aimant mieux que Tout m’aime.
Donc Je m’en vais flottant aux orgues sous-marins,
Par les coraux, les œufs, les bras verts, les écrins,
Dans la tourbillonnante éternelle agonie
D’un Nirvâna des Danaïdes du génie !
Lacs de syncopes esthétiques ! Tunnels d’or !
Pastel défunt ! fondant sur une langue ! Mort
Mourante ivre-morte ! Et la conscience unique
Que c’est dans la Sainte Piscine ésotérique
D’un lucus à huis-clos, sans pape et sans laquais,
Que J’ouvre ainsi mes riches veines à Jamais.

En attendant la mort mortelle, sans mystère,
Lors quoi l’usage veut qu’on nous cache sous terre.

Maintenant, tu n’as pas cru devoir rester coi ;
Eh bien, un cri humain ! s’il en reste un pour toi.

1880. 5, rue Berthelot.