Page:Laforgue - Œuvres complètes, t1, 1922.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Comment donc quelque chose a-t-il jamais été ?
« Que Tout se sache seul au moins, pour qu’il se tue !
« Draguant les chantiers d’étoiles, qu’un Cri se rue,
« Mort ! emballant en ses linceuls aux clapotis
« Irrévocables ces sols d’impôts abrutis !
« Que l’Espace ait un bon haut-le-cœur et vomisse
« Le Temps nul, et ce Vin aux geysers de justice !
« Lyres des nerfs, filles des Harpes d’Idéal
« Qui vibriez, aux soirs d’exil, sans songer à mal,
« Redevenez plasma ! Ni Témoin, ni spectacle !
« Chut, ultime vibration de la Débâcle,
« Et que Jamais soit Tout, bien intrinsèquement,
« Très hermétiquement, primordialement ! »

Ah ! — Le long des calvaires de la Conscience,
La Passion des mondes studieux t’encense,
Aux Orgues des Résignations, Idéal,
Ô Galathée aux pommiers de l’Éden-Natal !

Martyres, croix de l’Art, formules, fugues douces,
Babels d’or où le vent soigne de bonnes mousses ;
Mondes vivotant, vaguement étiquetés
De livres, sous la céleste Éternullité :
Vanité, vanité, vous dis-je ! — Oh ! moi, j’existe,
Mais où sont, maintenant, les nerfs de ce Psalmiste ?