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« Le propriétaire qui n’a pour toute fortune que son petit bien, écrit Charles Gide, ne peut le soustraire au couperet du partage égal. Ainsi à chaque décès son petit domaine ira se subdivisant, suivant une progression géométrique, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des lambeaux de terre dont il ne saura plus que faire sinon, pour s’en débarrasser, les vendre à quelque gros voisin qui les emploiera à arrondir son domaine !

« On cite en maints endroits des exemples incroyables de pulvérisation, des bandes de terre qui n’ont que la largeur de la faux et de la faucille ! Si le partage égal n’a pas eu en France une action aussi destructive de la propriété qu’on aurait pu le craindre, c’est parce qu’il a été en partie neutralisé par deux causes qui sont d’ailleurs plus funestes encore : le malthusianisme, qui évite la division de la terre entre les enfants en supprimant les enfants ; l’émigration des campagnes qui, là même où il y a plusieurs enfants, n’en laisse qu’un sur la terre, si même il en reste un ! »

L’amour du paysan pour la terre, sa ténacité à mettre toutes ses économies dans de nouvelles acquisitions foncières n’a pas d’autre cause : le domaine partagé au décès du père, chacun des enfants s’efforcera de le reconstituer, tout au moins à la limite de la propriété qui permet de vivre des fruits du sol. Entre le champ du voisin

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