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GAULOIS ET PARISIENS

trice, vient, par un véritable escamotage, d’enlever à son amant une somme assez ronde. Témoin de la chose, la concierge du théâtre s’écrie, avec un mélange d’admiration comique et de mélancolie : « Nous n’étions pas de cette force-là à l’ancienne Renaissance !… Mais nous avions du cœur, nous autres ;… c’est ça qui fait que je suis portière. »

Nous avions du cœur ! Mot profond, résumant tout un changement social. Trouvez-moi le cœur d’Anita, de Métella, de Mariette I Leurs jalousies, — car elles sont jalouses parfois, — ont pour cause l’intérêt ou la vanité ; l’amour n’y paraît point.

Quelles sont donc leurs qualités ? Elles en ont plusieurs. La première est de tenir bon contre l’ennui ; car leur métier a ses côtés fâcheux. « J’en ai connu, dit Mariette, qui étaient jolies, très jolies ; mais elles ne savaient pas s’ennuyer,… et elles ne sont arrivées à rien. » Puis, elles ont, quand il le faut, une réelle distinction. Elles étonnent les femmes du monde qui, par aventure, entrent en relations avec elles. Lisez la petite comédie intitulée : Lolotte. Une baronne prie une actrice, — cette actrice, c’est Lolotte, — de venir lui faire répéter un rôle qu’elle