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Qu’on examine comment Laclos développe les mêmes pensées. Il semble plus rude que l’auteur du Pornographe mais avec quelle bonhomie ne se hâte-t-il pas de justifier ses réprimandes ? Et comme il connaît une pommade satisfaisante, il s’empresse de leur en donner la recette… Il aime trop l’amour pour l’abolir ; et retenons tout le pessimisme philosophique de sa définition de la beauté : « Elle n’est, dit-il, que l’apparence la plus favorable à la jouissance, la manière d’être qui fait espérer la jouissance plus délicieuse… »

Laclos n’était pas arrivé à de telles opinions, il n’avait pas connu le retour à la nature comme l’unique salut pour la femme, après avoir promené seulement son esprit désenchanté et curieux sur la seule société de son temps. Il avait mené à travers les peuples du monde une vaste enquête, une information étendue. Il a étudié les mœurs de tout pays : Groenland, Islande, Tartarie, Corée, Abyssinie, Congo, etc., ainsi que nous le prouvent d’amples notes qui font partie du manuscrit Fr 12846. Parfois cela se résume en quelques lignes :

Terre Australe. Nouvelle Hollande : Hommes et femmes vivent pêle-mêle. Sont forts laids. Ont pour tout habillement une ceinture d’écorce d’arbre et un peu d’herbe qui cache leurs parties naturelles.
Ou encore :

Géorgie Persanne. Royaume de Caket : de Karduel.

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C’est l’ancien pays des fabuleuses amazones. Les femmes de Karduel sont belles, suivant Chardin, et plus que l’imagi-