Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
55
L’ANGE DE LA CAVERNE

souviens d’un homme qui me tenait dans ses bras et qui avait l’air de beaucoup m’aimer… »

— « C’était ton père, mon enfant… Tu le sais, Éliane, ce nom de Lecour, sous lequel nous sommes connues, n’est pas le nôtre ? »

— « Oui, je sais, mère ; notre véritable nom, c’est Courcel. »

— « Courcel est notre nom, en effet ; mais ce nom, je l’ai abandonné, car c’est celui d’un forçat. »

— « Un forçat ! »

— « Hélas ! oui, un forçat !  !… Ton père, ma chérie, s’il n’est pas mort aujourd’hui, est à Cayenne… expiant le double crime de vol et d’assassinat. »

— « Mon Dieu ! Mon Dieu ! » s’écria Éliane, en fondant en pleurs. « Je suis la fille d’un forçat, d’un forçat !  ! »

— « C’est après la condamnation de ton père que nous avons quitté la France… Femme et fille de forçat ; nous aurions été montrées du doigt et… »

— « Mais… dites-moi, mère… »

— « Ton père, mon enfant, a été convaincu du meurtre de son meilleur ami Sylvio Desroches… On a trouvé, cachés dans le coffre-fort de ton père, 250, 000 francs appartenant à M. Desroches… et, quelque temps après, le corps de M. Desroches dans la Seine… Or, ton père, Eliane…”

— « Mais, quelles preuves avait-on que c’était mon père le meurtrier ? »

— « Ton père, mon mari, est le dernier qui ait été vu en la compagnie de Sylvio Desroches… Nous étions pauvres et… Je n’aime pas à parler de ces choses, Éliane… Le paquet de journaux qui est dans le fond de la petite valise, te renseignera mieux que je pourrais le faire… Je n’ai pu douter, un instant, même, de la culpabilité de mon mari… et… j’en meurs… »

— « Ah ! ” s’écria soudain Éliane, « je me souviens ! Je me souviens !… Mon père… C’est dans une prison que je l’ai vu pour la dernière fois… Il m’avait dit… Oui, oui !… Il