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cela, Éliane ?… Je lui dois tant, à Andréa ; c’est toi, ma bien-aimée, qui payeras ainsi ma dette. »

Et quand l’enfant fut né, Éliane fit demander Andréa et lui dit :

« Papa Andréa, j’ai une faveur à vous demander. »

— « Vraiment ! » s’écria Andréa. « Une faveur ! De moi ! O ma chérie, elle est accordée d’avance, croyez-le… Qu’est-ce, Éliane, mon enfant ? »

— « Papa Andréa, » reprit Éliane, « voulez-vous être le parrain de mon enfant, de mon cher premier-né ? »

— « Éliane ! » s’exclama Andréa. « Vous désirez que je sois le parrain de votre enfant ! Moi ! » et un sanglot monta à ses lèvres. « Inutile de vous le dire, ma toute chérie, » ajouta-t-il, « c’est vous qui me faites une faveur, une faveur inappréciable, et non moi qui vous en fais une… Moi, le parrain de votre enfant, Éliane, de votre premier-né !… Quel bonheur ! »

Et Andréa quitta la chambre d’Éliane afin de ne pas pleurer devant elle.

Mme Reeves-Harris fut marraine. Peut-être Andréa aurait-il préféré une commère toute autre que Mme Reeves-Harris, car, Mme Reeves-Harris estomaquait un peu Andréa ; ensuite, il la trouvait un tant soit peu ridicule avec ses « Reeves-Harris », ses « Frank-Lewis » etc., etc.

Au moment de partir pour l’église, le jour du baptême, Andréa et la commère vinrent trouver Éliane et Andréa demanda :

« Quel nom désirez-vous que nous donnions à votre ange, Éliane ? Nous allions oublier ce… détail, » ajouta-t-il, en riant d’un bon cœur.

— « Je désire que mon fils porte votre nom, papa Andréa, » répondit Éliane. « Il se nommera Yves Andréa ; mais il portera le nom de son parrain… Andréa Desroches… ce sera joli ! »

Andréa ne dit rien, mais des larmes coulèrent sur ses joues.

Et, devant le bonheur parfait d’Andréa, ni Yves, ni Sylvio ne regrettèrent le sacrifice qu’ils avaient fait en sa faveur.

Cet enfant, le fils d’Éliane, combien on l’aimait à la villa