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genoux, sur sa poitrine et sur ses bras, frôlant souvent son visage… Éliane, les yeux agrandis par la terreur, les lèvres blanches, le nez pincé, était incapable de faire un seul mouvement pour se défendre de cette sale vermine… C’est seulement par le battement de ses paupières et par ses cris qu’elle était venue à bout de protéger son visage, jusqu’alors… Les rats, effrayés par ces cris et par ces battements de paupières, sans doute, avaient respecté le visage de la jeune fille.


CHAPITRE XXIII

L’ENLÈVEMENT


Quand Éliane se rendit dans sa chambre, la veille, Lucette l’y attendait. La jeune servante enleva la robe de sa maîtresse et elle se préparait à lui faire sa toilette pour la nuit, quand Éliane lui dit :

« Vous pouvez aller vous coucher, Lucette ; je vais lire un peu ; pas longtemps, cependant, car nous partons demain matin pour Cave City… Je me coucherai de bonne heure. »

Quand Lucette eut quitté la chambre, après avoir enveloppé Éliane dans un kimono, celle-ci s’installa sur un fauteuil et essaya, inutilement, de lire… Elle était si heureuse, ce soir-là qu’elle en oubliait, pour le moment la peur qu’elle avait ressentie, tout-à-l’heure, en apercevant un homme qu’elle avait pris pour Castello, sur les terrains de la villa. Combien elle était heureuse ! Et maintenant que son père était réhabilité, par la présence de Sylvio Desroches, l’avenir ne serait-il pas une fête continuelle ?… Bientôt, elle, Éliane, serait la femme, de Tanguay, son compagnon d’enfance qu’elle avait toujours tant aimé !

« Vraiment, » se disait la charmante enfant, en souriant, « j’aurai porté bien des noms dans ma vie : je me serai nommée Éliane Courcel, d’abord, puis Lecour, puis Mirville, puis encore Courcel et, bientôt… je serai devenue Éliane Desroches ! »

Éliane sourit et rougit en même temps en prononçant ce dernier nom, qui serait le sien sous peu, puis elle ouvrit un