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— « Non, Desroches, » répondit Courcel. « Qu’irais-je faire en France, d’ailleurs ?… Je n’y ai pas un seul ami. »

— « Mais, Courcel… tu étais un des hommes les plus populaires ce me semble… Et puis, la France… c’est le pays, vois-tu, Yves… et le pays… »

— « La France ne me dit plus rien depuis que j’ai découvert que je n’y ai pas un seul ami… Quand j’ai été accusé du plus abominable des crimes, pas un n’a cru à mon innocence… Malgré ma vie honnête jusque là, malgré les parents honnêtes que j’avais eu, malgré… Ah ! ne me parle plus de la France ; jamais je n’y retournerai, jamais !… Et, si tu revois nos anciens compagnons : d’Artigny, d’Oural, Letendre… et les autre… dis-leur bien combien je les méprise tous, pour leur abandon, alors que j’avais besoin d’amitié. »

Yves Courcel était en colère ; cela se voyait. Il en voudrait toujours à ses compatriotes pour la conduite qu’ils avaient tenue alors qu’il était sous le coup d’une accusation fausse.

« Père » dit doucement Éliane, « il faut savoir pardonner… Pensez à Celui qui fut, jadis, abandonné de tous ses amis… Il a pardonné, Lui, vous savez, père chéri ! »

— « Éliane ! Chère enfant. » dit Courcel en pressant sa fille dans ses bras. « Allons ! » reprit-il. « Partons ! En route pour la villa Andréa ! »

— « Père, » demanda Éliane, « voulez-vous que nous emmenions Paul aussi ? »

— « Paul ? » dit Yves. « Ah ! oui, cet enfant qui… »

— « Paul ! » appela Éliane.

Aussitôt le petit ex-marmiton entra dans la salle d’attente.

— « Présent, Mlle Lec… Mirville, » répondit-il.

— « Père, » dit Éliane, « voilà Paul, notre meilleur ami. C’est grâce à lui que nous avons pu quitter la caverne, M. Desroches, Tanguay et moi. »

Yves Courcel posa sa main sur l’épaule de Paul.

— « Brave enfant ! » s’écria-t-il. « Si M. Desroches veut te