Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
L’ANGE DE LA CAVERNE

Cette clef, Sylvio l’avait donnée à Yves, il y avait déjà plusieurs années :

« Prends cette clef, Courcel » avait-il dit. « Si jamais tu viens me rendre visite et que je sois absent, entre et attends-moi. Tu trouveras toujours de bons cigares, des journaux et des revues, chez moi, pour t’amuser, en attendant mon retour. »

Yves ne s’était jamais servi de cette clef ; mais, dans le moment, il était bien aise de l’avoir en sa possession.

Un grand silence — un de ces silences qui oppressent — régnait dans la demeure de Sylvio Desroches. Yves Courcel et le secrétaire Germain parvinrent d’abord dans l’étude de Sylvio. Tout y était dans l’ordre accoutumé. Sur un pupitre, Yves vit une lettre inachevée de Sylvio à son fils Tanguay. On passa dans la salle à manger, puis dans la chambre à coucher, dont le lit n’avait pas été défait… ou bien, avait été refait.

« M. Courcel, » dit le secrétaire, d’une voix tremblante, en désignant le lit de Sylvio, « pensez-vous que M. Desroches a couché dans ce lit, la nuit dernière ? »

— « Hélas ! je ne sais, » répondit Yves, des larmes dans la voix. « Qu’est-ce que cela signifie ?… Mon Dieu ! Serait-il arrivé malheur à mon ami, à mon frère ? »

« Monsieur reprit le secrétaire, « j’en ai le pressentiment M. Desroches a été assassiné ! »

— « Assassiné ! » s’écria Yves.

— « Oui, monsieur, assassiné ! M. Desroches, quand il a quitté son bureau, hier soir, portait sur lui la somme de 250,000 francs et… »

— « Mais, » répondit Yves… Cependant, il se tut… Devait-il confier au secrétaire ce qui s’était passé la veille ?… Non. Il valait mieux se taire, pour le moment. Le plus pressé c’était de retrouver Sylvio… Qu’était-il devenu ?…

« Allons avertir la police ! » s’écria le secrétaire.

— « Écoutez, Germain, » dit Yves « attendons à demain pour mettre la police dans cette affaire. Si mon ami reste introuvable encore demain, nous irons faire notre déclaration à la police, demain soir. »