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que, portant une cafetière remplie de café brûlant.

« M. Castello est parti, Mlle Lecour, » dit Paul, « et Mlle Lucia est couchée… Avez-vous des ordres à me donner ? »

— « Mais non, Paul ! Tu viendras chercher le plateau dans une heure à peu près. »

Paul salua et sortit.

« Il est étrange cet enfant ! » se dit Éliane. « Pourquoi m’a-t-il dit que M. Castello était parti et que Lucia était couchée… comme s’il avait voulu me rassurer… Bah !… À treize ans, on aime à bavarder, je suppose ! »

Remplissant de provisions la corbeille en osier et y ajoutant le billet qu’elle avait écrit à l’adresse du Docteur Stone, la jeune fille se dirigea vers la pierre mouvante, qu’elle fit basculer. Aussitôt, le Docteur Stone s’approcha de l’ouverture. Il salua Éliane en souriant, puis il lui remit l’autre corbeille, vide de provisions, mais contenant un billet à l’adresse de la jeune fille… Ils ne pouvaient se parler ; ils s’écrivaient… et, chaque jour les corbeilles devaient contenir des lettres adressées l’un à l’autre. Peut-être se glissait-il dans les lettres du médecin une note tendre, parfois… Éliane le crut vraiment… En fut-elle froissée… ou heureuse ?… Qui peut dire ce que ressent une jeune fille, en ces circonstances ?


CHAPITRE VII

DEMI — LIBERTÉ


Il y avait dix jours que Castello avait quitté la caverne, accompagné de son domestique Goliath ; deux bandits de moins. Samson, ayant reçu l’ordre de surveiller les alentours de la caverne, passait son temps dehors et ne rentrait que pour prendre ses repas et se coucher. Le cuisinier se tenait dans sa cuisine avec René le marmiton. Lucia ne quittait guère sa chambre ; de fait, cette pauvre Lucia allait de mal en pis, depuis le départ de son frère. Comme elle s’était cramponnée à son frère, le matin de son départ cette pauvre Lucia !