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L’ANGE DE LA CAVERNE

Le silence se fit, ensuite dans les deux cellules. On eut été bien étonné, sans doute, de voir à quoi s’occupait 818 jusqu’à l’heure fixée pour l’évasion : à genou, 818 priait avec ferveur :

« Mon Dieu ! suppliait-il, » protégez-nous, nous qui allons risquer notre vie cette nuit… et faites que je puisse revoir bientôt ma fille bien-aimée, mon Éliane chérie ! »


CHAPITRE II

LES INSÉPARABLES


Yves Courcel et Sylvio Desroches étaient des inséparables. L’on voyait rarement l’un sans l’autre. Amis de collège, ils étaient restés amis dans le monde.

Cette amitié entre Yves et Sylvio avait commencé au collège. D’abord, il y avait un contraste frappant entre les deux amis : Yves Courcel était, comme collégien, déjà grand, fort et très développé pour son âge, tandis que Sylvio Desroches était petit, faible et d’assez malingre apparence. Comme ça se voit souvent, l’écolier faible devint le pâtira de sa classe.

Un jour, on avait entrepris de faire faire de la lutte à Sylvio Desroches et, comme il s’en défendait, s’en sentant incapable d’ailleurs, on s’était emparé de lui, on l’avait jeté par terre, attaché avec des cordes, puis on s’était mis à danser en ronde autour de lui. Mais cette ronde fut interrompue brusquement : Yves Courcel, arrivant sur la scène, avait administré des coups de poing à droite et à gauche et la ronde s’était achevée désastreusement. Trois ou quatre écoliers gisaient par terre, saignant du nez ou de la bouche ; le nez écrasé, les dents cassées, tandis que les autres, ne se sentant pas de force à lutter contre cet Hercule qu’était Yves Courcel, avaient pris la fuite.

Yves releva Sylvio, il détacha ses liens et, à partir de ce jour, le prit sous sa protection. Malheur à qui eut osé toucher à Sylvio Desroches ou même le narguer dorénavant ;