Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cependant François faisait répandre à la Force le bruit que Lacenaire recevait dix francs par jour de la police pour prix de ses révélations. C’était faux. Mais la vérité est que pour le mettre à même de continuer ses confidences à la justice, et le maintenir dans cette belle humeur qui amène l’expansion, la police avait soin de ne le laisser manquer de rien, et de satisfaire surtout à la soif insatiable dont il était possédé.


CHAPITRE XXXI.

Organisme de Lacenaire. ― Raspail. ― Un philosophe sanglant.


Parmi les personnes qui nous font l’honneur de nous lire, beaucoup ont voulu nous expliquer ou nous faire analyser l’organisation de Lacenaire, et comme nous ne sommes ni docteur, ni physiologiste, nous nous sommes abstenu jusqu’à présent de traiter ce point scientifique. Les uns nous ont dit que Lacenaire aimait le sang pour le sang même, et qu’il trouvait dans le meurtre la satisfaction de ses instincts cruels ; d’autres nous ont affirmé, sans preuve, que la vue du sang faisait naître en lui une irrésistible et ignoble passion ; plusieurs affirment qu’il était monomane et semblable en de certains moments à Papavoine ; quelques-uns de ceux qui l’ont connu assurent qu’il avait une haine invétérée contre ses semblables.