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Que de fois ma pitié vers toi s’en est allée !
De te plaindre pourtant, ô chanteur ! j’avais tort.
Las des jours, j’ai depuis, frère ! envié ton sort.
Foudroyé, tu tombas de l’arbre au grand feuillage,
Dans tout l’éclat, dans la beauté de ton plumage,
Le gosier plein de chants, tourné vers le soleil,
Et baigné des splendeurs de son coucher vermeil.
Dans ton œuvre d’oiseau qui poursuit sa carrière,
Pleine encor de rayons s’est close ta paupière !…
Heureux qui, comme toi, de nul remords souillé,
N’a pas vu, de ses dons lentement dépouillé,
Les tristesses de l’âge et sa décrépitude ;
Ni connu des longs jours la lourde lassitude ;
Qui, fidèle à son rôle et fervent jusqu’au bout,
Meurt jeune, foudroyé dans sa force et debout !