Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/185

Cette page n’a pas encore été corrigée


Au veau d’or l’athéisme offre un cupide encens ;
Le fait, voilà le dieu que notre orgueil adore.
L’âme et l’amour, vains mots ! nous vivons par les sens :
Ève raille, ô Psyché ! l’ardeur qui te dévore.

Plus d’idéale ardeur, plus d’altiers dévoûments,
De flamme incorruptible où raviver nos flammes !
Plus d’espoirs étoilés au fond des firmaments !
La nuit inexorable au ciel et dans les âmes !

Qui donc, illuminant le vide ténébreux,
Rendra, vivant symbole, un culte à nos hommages ?
Pour enseigner leur voie aux esprits douloureux,
Qui te rallumera, blanche étoile des Mages ?

Sont-ils venus, ces jours dont l’aigle de Pathmos
Sondait la profondeur de ses yeux prophétiques ?
Le ciel, ouvrant l’abîme aux insondables maux,
Va-t-il livrer la terre aux coursiers fatidiques ?

Est-ce la nuit sans terme ? est-ce la fin des temps ?
L’homme et le monde ont-ils vécu leurs destinées ?
Faut-il, croisant les mains sur nos fronts pénitents,
Chanter le Requièm des ères terminées ?… —

O christ ! ton homme est jeune encor ; l’humanité,
Rameau qu’ont émondé tes mains fortes et sages,
Doit grandir pour atteindre à son suprême été :
Ton arbre, ô Christ ! n’a pas donné tous ses feuillage.