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XIII

LA FORÊT COUPÉE


 
La forêt est coupée. Adieu, nobles ramures,
Bois sacrés que la brise emplissait de murmures !
L’oiseau n’a plus son nid sous vos dômes touffus ;
Le fleuve dans ses eaux ne vous réfléchit plus.

Contre l’ardent soleil plus d’ombre hospitalière ;
L’herbe abonde où passa la hache meurtrière.
Vieux amis, leurs grands corps sont couchés à mes pieds !
Ce fut un arbre en fleur, ce tronc où je m’assieds !

Là-bas, sur la montagne aux retraites ombreuses,
Nos ramiers ont porté leurs plaintes langoureuses ;
Le joyeux merle a fui ; tout se tait : — nulle voix
Ne redit pour mon cœur la chanson d’autrefois.

Brises qui sur mon front jouiez avec la feuille,
Vert silence des bois où l’âme se recueille,
Abris mystérieux à mes rêves connus,
O mes premiers amis ! qu’êtes-vous devenus ?