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de Rhode-Island, autorisait les propriétaires à user d’indulgence en matière religieuse, et à accorder des dispenses aux non-conformistes. On avait en vue non-seulement d’attirer ainsi dans la colonie des dissidents de toute nation, mais encore de favoriser un certain nombre de colons de la Nouvelle-Angleterre, qui, formant un premier noyau d’émigration, s’étaient établis sur la rivière du cap Fear.

La concession obtenue, les propriétaires prirent immédiatement des mesures pour appeler les émigrants dans la colonie. Ils accordèrent, à la poignée d’hommes qui s’établissait dans ces vastes solitudes, une charte telle que l’exigeaient les besoins du moment. L’administration de la colonie fut confiée à un gouverneur et à un conseil de six membres, choisis parmi treize candidats présentés par les planteurs ; l’assemblée générale, composée du gouverneur, du conseil et des représentants de la colonie, eut le pouvoir législatif, et ses ordonnances furent déclarées valables, tant que les propriétaires ne les auraient pas désapprouvées. On promit la liberté de conscience la plus entière, et l’on offrit, sur le pied d’un demi-penny de redevance par acre, une concession de cent acres à tout émigrant qui, dans l’espace de cinq ans, s’établirait dans la colonie.

Quelques émigrés de la Virginie, chassés de la province à la suite de la rébellion du colonel Bacon, avaient formé autour du Sund d’Albemarle un petit établissement dont la surveillance fut confiée à sir William Berkeley, gouverneur de la Virginie ; ce fut le germe de la colonie du Nord ; Berkeley leur donna un gouverneur, un conseil, et les laissa nommer une assemblée ; en d’autres termes, et sans même parler de la redevance prétendue par les propriétaires, il abandonna complètement aux planteurs le soin de leurs propres affaires. Cet abandon (l’expérience de l’Amérique le prouve) est loin