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rétives, intraitables aussitôt qu’elles voient la moindre tentative de leur arracher par force, ou de leur soustraire par chicane le seul avantage pour lequel il vaille la peine de vivre. Ce fier esprit de liberté est probablement plus fort dans les colonies anglaises que chez aucun peuple de la terre, et cela par un grand nombre de causes puissantes qu’il n’est pas inutile d’expliquer plus en détail, pour comprendre les véritables sentiments des Américains, et la direction que prend cet esprit de liberté.

« D’abord le peuple des colonies descend d’aïeux anglais. L’Angleterre est une nation qui, je l’espère, respecte encore sa liberté, et qui naguère l’adorait. Les colons vous ont quittés quand ce trait de votre caractère était dominant ; ils ont pris cette direction, ce penchant au moment même où ils sont sortis de vos mains. Aussi sont-ils non-seulement dévoués à la liberté, mais à la liberté suivant les idées anglaises, à la liberté fondée sur les principes anglais.

« La liberté abstraite, comme bien d’autres abstractions, ne se trouve nulle part. La liberté s’attache à quelque objet sensible, et chaque nation s’est choisi un objet favori, qui est devenu pour elle et par excellence, l’idéal du bonheur. En Angleterre, et dès les premiers temps, les grandes luttes pour la liberté ont porté principalement sur la question de l’impôt. Dans les républiques anciennes, la plupart des contestations roulaient sur le droit d’élire les magistrats, ou sur la balance à maintenir entre les divers ordres de l’État. La question d’argent les touchait moins. Mais en Angleterre il en fut autrement : Cette question de l’impôt a exercé les plumes les plus habiles et les langues les plus éloquentes ; pour elle ont agi, pour elle ont souffert les plus grands cœurs.

« Ceux qui ont défendu l’excellence de la constitution