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LAURE.

Oui… Continuez à croire le bien… continuez à le faire… Soyez du côté de ceux qu’on attrape… c’est le bon, quoi qu’on en dise…

BLANDINET.

À la bonne heure !

LAURE.

Que vous importe la reconnaissance ?… le bienfait n’est pas un placement…

BLANDINET.

Parbleu ! (À part.) Je suis fâché que François soit parti…

LAURE.

Tenez, moi.. je nourris tous les petits oiseaux de mon quartier.

BLANDINET.

Vraiment ?

LAURE.

Oui… je leur jette du pain tous les matins sur mon balcon… L’hiver, j’écarte avec soin la neige pour les préserver du froid… l’été, je dispose des arbustes qui les protègent contre le soleil… Eh bien, vous croyez qu’ils m’en savent gré ?… du tout !… dès que j’ouvre ma fenêtre, les ingrats s’envolent… quelques-uns même me donnent des coups de bec…

BLANDINET, révolté.

Ah !

LAURE.

Mais je ne leur demande pas de reconnaissance… ils ne m’en doivent pas… ce sont des créatures de Dieu qui ont faim, et je suis trop heureuse de pouvoir les nourrir… Vous avez vos petits oiseaux… chacun a les siens…